When le light breaks de Rúnar Rúnarsson
Le destin d’un groupe de jeunes Islandais bascule suite à un drame secouant tout le pays : un incendie ravageant un tunnel, et faisant de nombreuses victimes, dont l’un des leurs. Una, la petite amie secrète du défunt, doit composer à la fois avec la douleur du deuil et celle du secret. Face à la fiancée “officielle” et aux amis de longue date qu’elle ne connaissait pas encore, elle peine à trouver sa place, rongée par le chagrin comme par la jalousie et l’injustice. En concentrant son intrigue le temps d’une seule journée (ponctuée par le coucher du soleil), le réalisateur Rúnar Rúnarsson réalise un beau film de facture classique autour de la collision entre différentes formes de drame : celui, national, de la catastrophe ; celui, collectif, des différents amis endeuillés ; celui, intime, du personnage principal – et de la manière dont chacun tente tant bien que mal de faire face. Il dresse ainsi un puissant portrait de groupe, dans lequel la souffrance se mêle à la nécessité de se sentir vivant. L’alcool, la drogue et la danse cathartique sont ainsi au rendez-vous, tandis que des touches de musique lyrique extradiégétique viennent exprimer l’émotion que Una ne peut laisser paraître. Tout est sans cesse ténu et sur le fil, et malgré le contexte, c’est la lumière qui domine. Celle, très belle, qui baigne les images, comme celle qui se dégage de la relation entre les différents personnages, à l’image du moment le plus bouleversant du film lorsque les deux jeunes filles, présumées rivales, empruntent côte à côte le même chemin, dans une complicité apaisée.
Marie-Pauline Mollaret
Ljosbrot. Film islandais de Rúnar Rúnarsson (2024), avec Elín Hall, Mikael Kaaber, Katla Njálsdóttir, Baldur Einarsson. 1h20.