Voyage au pôle Sud de Luc Jacquet

Luc Jacquet avait connu une gloire mondiale en 2006 pour La Marche de l’empereur, Oscar du meilleur documentaire en 2006. Il avait alors parcouru la planète avec son film, signant, comme il le raconte aujourd’hui, des autographes y compris aux éleveurs de chèvres cachemires du désert de Gobi ! Son premier contact avec l’Antarctique date de 1991. Il avait passé alors quatorze mois sur la base française Dumont d’Urville pour un séjour scientifique pour le CNRS, en tant qu’ornithologue. Il revient aujourd’hui pour un voyage-bilan, au bout de trente ans de passion pour ce continent plus étendu que l’Europe (14 millions de km2) et peuplé seulement de quelques centaines d’habitants temporaires. Après tant de voyages envoûtants, Jacquet choisit cette fois le noir et blanc, pour des images très belles, où il chronique son itinéraire depuis la Terre de feu, filmant les étendues où la végétation a encore sa place, puis celles où seules l’eau et la glace demeurent. Il cadre dès qu’il le peut les animaux présents dans son objectif, manchots, albatros, phoques, baleines. Il ne cache rien des évolutions angoissantes de ces milieux, mis en danger par la tragédie du changement climatique. Images extraordinaires donc, d’un bout à l’autre du film, mais on pourra regretter l’excès de commentaires. Le réalisateur exprime en voix off, presque en permanence, ses considérations personnelles, ses souvenirs, ses réflexions poétiques, et perturbe souvent ce qui aurait dû être la contemplation fascinée de ses spectateurs. Le film, s’il n’avait pas été si bavard, touchait à la perfection.

René Marx

Film documentaire français de Luc Jacquet (2023). 1h22.