Publié le 5 novembre, 2024 | par @avscci
0Trois amies d’Emmanuel Mouret
Film après film, Emmanuel Mouret n’a de cesse de dresser une carte du tendre de nos comportements amoureux comme d’autres publieraient un Guide du routard à l’intention de ceux désireux d’aller visiter cette contrée à la topographie accidentée. On entre dans le film avec la sensation d’être pourtant en terrain connu, d’autant plus que la mise en scène pateline du signataire des Choses qu’on dit, des choses qu’on fait (ASC 678) semble nous promettre un entre-soi confortable. Mais peu à peu les enjeux amoureux se teintent d’amertume, l’émotion et la douleur montent en gamme, jusqu’à ce que le film nous confirme que décidemment Mouret, sans tambour ni trompette, mais avec une justesse et une précision rares a toutes les raisons de se revendiquer comme un immense peintre des passions humaines. Difficile de ne pas penser une nouvelle fois à Woody Allen (ce qui est dans ma bouche un très grand compliment), un Woody Allen qui peu à peu effacerait sa fantaisie burlesque des débuts au profit d’une mélancolie douce-amère particulièrement gouteuse. S’il fallait trouver un équivalent à ce film-ci, ce serait peut-être du côté d’Hannah et ses sœurs. Qui a en commun avec Trois Amies de brosser le portrait en parallèle de trois femmes que leurs liens étroits n’empêchent pas de se faire des croche-pieds dès lors que des histoires d’amour viennent semer la confusion. Après Sandrine Kiberlain dans Chronique d’une liaison passagère, dont la fantaisie décalée faisait des merveilles, Mouret adresse ainsi une déclaration tout aussi fulgurante à India Hair, Camille Cottin et Sara Forestier, qui chacune à leur manière apparaissent fragiles, agaçantes, désirables, irrésistibles, laissant une empreinte durable dans notre imaginaire…
Yves Alion
Film français d’Emmanuel Mouret (2024), avec India Hair, Camille Cottin, Sara Forestier, Vincent Macaigne. 1h57.