Publié le 6 janvier, 2025 | par @avscci
0Tout ira bien de Ray Yeung
En couple depuis une trentaine d’années à Hong Kong, Pat et Angie forment un couple harmonieux dont le bonheur irradie parmi leur entourage. Jusqu’au jour où la disparition de l’une d’elles plonge la survivante dans une profonde détresse que ne fait qu’accentuer sa nouvelle précarité matérielle. D’une romance interrompue, Ray Yeung tire une réflexion sur la situation à laquelle s’exposent les couples homosexuels de la péninsule lorsque l’un des partenaires se retrouve dans l’incapacité légale de bénéficier de la retraite de son partenaire. Derrière son titre qu’on peut interpréter comme rassurant ou ironique, Tout ira bien dresse l’état des lieux d’une société écartelée entre une tradition chinoise plutôt homophobe et une modernité en trompe-l’œil héritée de son passé récent de concession britannique. Un propos qui renvoie aussi évidemment au statut de Hong Kong par rapport au reste de la Chine. Tout ira bien s’impose par sa douceur et sa retenue comme un constat terrible de ce que la société peut parfois infliger à l’individu par son manque de réalisme et une conception purement factuelle de certaines situations. Cette histoire d’amour interrompue qui pourrait donner lieu au plus convenu des mélodrames, Ray Yeung la traite avec une empathie délibérée en mettant en évidence l’inadaptation d’une société qui a encore du mal à consentir des droits équivalents à tous les citoyens, quels que soient leurs mœurs et leurs orientations sexuelles. Un message salutaire et même nécessaire qui passe ici par de fortes bouffées d’émotion, mais sans l’ombre d’un prêchi-prêcha moralisateur.
Jean-Philippe Guerand
All Shall Be Well. Film hong-kongo-chinois de Ray Yeung (2024), avec Patra Au, Maggie Li, Tai-Bo, Chung-Hang Leung. 1h33.