Critique

Publié le 9 juillet, 2024 | par @avscci

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Sons de Gustav Möller

La star danoise Sidse Babett Knudsen est surtout connue pour le rôle de Brigitte Nyborg dans la série Borgen. Elle a travaillé en France avec Christian Vincent ou Emmanuelle Bercot, mais aussi avec des réalisateurs américains et britanniques. Elle tient ici le premier rôle du nouveau film d’un Suédois de trente-cinq ans, installé au Danemark, Gustav Möller. Gardienne de prison scrupuleuse et bienveillante, dévastée par la mort de son fils assassiné, Eva voit arriver un détenu très surveillé. C’est l’assassin de son fils. Cette femme, au départ honnête et mesurée, est évidemment possédée par l’esprit de vengeance en comprenant que ce nouveau pensionnaire pourra être sous son autorité. Malgré un point de départ assez invraisemblable, Gustav Möller est convaincant dans sa mise en scène d’une confrontation intense : l’assassin est un bloc de violence et d’agressivité, la geôlière est enivrée par la toute-puissance qu’elle peut exercer sur lui. Leur affrontement est intéressant de bout en bout, sans que les poncifs obligatoires du film de prison ne viennent troubler cet intérêt. La fureur, la haine qui animent Eva sont d’autant plus impressionnantes que ce sont celles d’une mère, d’une femme, jusque-là attachée au respect de ses « pensionnaires », attentive à ses devoirs moraux. La limite du film est dans le manque de réalisme de la situation de départ (comment les autorités de la prison peuvent-elles ignorer la relation fatale qui lie ces deux personnages ?). Mais sa réussite est dans la maîtrise d’un récit tenu jusqu’au bout, au cœur d’un film de genre au décor unique et étouffant.

René Marx

Film suédo-danois de Gustav Möller (2024), avec Sidse Babett Knudsen et Sebastian Bull. 1h40.




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