Si on chantait de Fabrice Maruca

Si on chantait est le premier long métrage de Fabrice Maruca. Mais celui-ci n’est pas pour autant un inconnu pour ceux qui étaient accros à sa Minute vieille sur le petit écran ou à certains de ses courts métrages, comme Surprise ! (qui lorgne avec intelligence du côté du burlesque) ou Prochainement sur vos écrans (brillant exercice de style qui jongle avec les codes du cinéma). Le cinéaste est de ceux qui se régalent à jouer sur la forme et à tirer une situation absurde jusqu’au bout de ses possibilités. C’est un peu le cas de Si on chantait, qui imagine un groupe de chômeurs se lancer dans l’aventure d’une société de livraison de… chansons. Nos héros étant sollicités non pas pour apporter des pizzas ou livrer des fleurs à domicile, mais bien pour venir pousser la chansonnette chez leurs clients. Une façon de généraliser ce qui se pratique déjà parfois à l’occasion de l’anniversaire de nos marmots. C’est drôle, c’est tendre, le film lorgnant bien évidemment sur ces prototypes de feelgood movies souvent britanniques, comme The Full Monty ou Les Virtuoses. Mais si l’aspect social n’est ici pas mis entre parenthèses, nous ne sommes quand même pas chez Ken Loch ou même proches du Discount de Louis-Julien Petit. C’est clairement la bonne humeur, la fantaisie que le film met en avant, rejoignant le très surprenant On connait la chanson de Resnais dans son amour des ritournelles qui en disent tellement sur nous-même l’air de rien et en l’espace de trois minutes. On pourra toujours chipoter sur les détails, avancer que l’impertinence parfois cruelle des films précédents de notre homme a ici été un rien gommée, mais l’essentiel de notre plaisir subsiste, celui de voir des comédiens populaires (Clovis Cornillac en Bidochon d’anthologie, Alice Pol en nunuche pétaradante) se lancer à corps perdu dans une comédie chaleureuse qui nous donne la pêche. Et la banane. La corbeille de fruits est à volonté….