Critique

Publié le 29 août, 2024 | par @avscci

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La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy

S’il est des reproches que l’on peut faire à Patricia Mazuy, ce n’est certainement pas celui de faire et refaire le même film. Au contraire, son éclectisme est remarquable. Un mélodrame rural (Peaux de vaches), un film historique (Saint-Cyr), un quasi-documentaire sur le monde équestre (Sport de filles), un thriller métaphysique (Bowling Saturne) composent (entre autres) son intrigante filmo. Complétée cette année par La Prisonnière de Bordeaux, soit la confrontation de deux femmes qui a priori n’avaient rien en commun. Si ce n’est un compagnon derrière les barreaux. C’est d’ailleurs ce qui provoque leur rencontre. Mais autant la première (Hafsia Herzi) affiche une grande précarité sociale, ne subsistant avec ses deux enfants que grâce au système D, autant la seconde (Isabelle Huppert) est une grande bourgeoise. Le rapprochement des deux femmes est chaleureux, mais plein d’ambiguïté de de non-dit. Ce sont ces non- dits qui donnent au film tout son sel, provoquant bien évidemment un certain nombre de rebondissements, dont nous ne dirons rien. Une curiosité : la relation entre les deux femmes n’est pas loin de ressembler à celle des deux voisines des Gens d’à-côté, le dernier film d’André Téchiné, avec les deux mêmes comédiennes. Mais Isabelle Huppert y est moins arrogante et moins mystérieuse que dans le film de Mazuy, qui nous laisse comprendre que malgré son bien-être matériel et son apparente zénitude, c’est elle cette « prisonnière de Bordeaux » qui ne rêve que d’une chose, prendre le large…

Yves Alion

Film français de Patricia Mazuy (2024), avec Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, Magne-Havard Brekke. 1h48.




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