Critique

Publié le 29 août, 2024 | par @avscci

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Septembre sans attendre de Jonás Trueba

Jonás Trueba excelle dans l’art délicat de la chronique intimiste. Ce réalisateur espagnol à l’écoute de sa génération avait surpris tout le monde en remportant un joli succès avec Eva en août (2019). Chez lui, les petits riens forment un grand tout à géométrie variable. Septembre sans attendre, dont le titre semble faire écho au précédent, s’attache à un couple résolu à organiser une fête pour célébrer… sa séparation après quinze ans de vie commune. Un projet qui va semer le trouble parmi son entourage et le forcer à se poser des questions rien moins qu’existentielles sur la pérennité des sentiments. À son habitude, Jonás Trueba nourrit une empathie incroyable avec ses protagonistes où l’amertume n’a jamais sa place malgré son sujet. Il est soutenu en cela par ses deux interprètes principaux, sa muse Itaso Arana, qui a accompli récemment des débuts remarqués de réalisatrice avec l’euphorisant Les filles vont bien, et Vito Sanz, déjà réunis dans Venez voir (2022). L’auteur les a d’ailleurs impliqués dès l’écriture, en confiant un second rôle éminemment symbolique à son propre père, lui aussi réalisateur, Fernando Trueba. Il émane de cette comédie de mœurs une énergie euphorisante où le moindre détail sonne avec une rare justesse et confirme le don d’observation d’un cinéaste qui se nourrit du moindre détail avec une rare fraîcheur, comme l’atteste son œuvre maîtresse à ce jour : la fresque générationnelle Qui à part nous (2018) où il suivait des adolescents pendant cinq ans.

Jean-Philippe Guerand

Volveréis. Film franco-espagnol de Jonás Trueba (2024), avec Itaso Arana, Vito Sanz, Fernando Trueba. 1h54.




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