Critique Sapphire crystal de Virgil Vernier

Publié le 17 juillet, 2020 | par @avscci

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Sapphire Crystal de Virgil Vernier

Immersion en apnée parmi la jeunesse dorée de Genève. Des pauvres petites filles riches et des fils de… qui tuent leur ennui en sniffant des rails de coke coupés de poudre d’or pur. Après Orléans (2012) Mercuriales (2014) et Sophia Antipolis (2018), Virgil Vernier nous offre une plongée en apnée, qu’on pourrait qualifier de descente aux enfers, dans un monde de la nuit où l’argent est roi, mais n’achète visiblement pas le bonheur. Il émane de ces conversations un indicible parfum de mort. Chez ces gens-là, tout est permis et il n’existe aucune limite. Sapphire Crystal est un témoignage prodigieux sur un monde à part où règnent à la fois un ennui incoercible et une endogamie suicidaire. Ces jeunes héritiers de bonnes familles n’ont nul besoin de poursuivre un idéal. Leur destin est déjà tracé : ils sont riches et le deviendront sans doute plus encore. Leur seule préoccupation est de tuer le temps avant qu’il n’ait raison d’eux. Alors, ils se livrent aux expériences les plus extrêmes. Le plus surprenant est que le réalisateur ait réussi à les apprivoiser et à les filmer, sans jamais donner l’impression d’être sur leurs gardes ou de s’autocensurer. C’est à la visite d’un véritable zoo humain que nous invite ce bref opuscule. En l’espace d’une demi-heure, ces conversations d’une insondable vacuité nous entraînent dans un cercle moins fermé qu’il n’y paraît dont on rêverait de pouvoir découvrir les à-côtés. La parole y est libérée autant qu’est exacerbé le sentiment de supériorité sur le commun des mortels de ce microcosme fin de race confit dans une douceur de vivre bien illusoire. Il y a davantage de décadence que de grandeur dans ce Sapphire Crystal grand cru. 

Jean-Philippe Guerand

Court métrage français de Virgil Vernier (2019), avec Maxime Brueggler, Lou Cohen, Olivia de La Baume.  0h31 mn.  




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