Critique

Publié le 18 juillet, 2024 | par @avscci

0

Santosh de Sandhya Suri

Le cinéma indien s’est invité à Cannes cette année, cela a beaucoup été répété. Mais il l’a fait dans une forme, une approche, très classique, assez occidentale, comme l’illustre les financements de ces œuvres, dont Santosh, dans les faits franco-germano-anglais. Ce premier long métrage n’est néanmoins pas dénué de qualités, en s’emparant de la question de la place des femmes dans la société indienne sous un angle apparemment prévisible, formaté par le genre thriller, pour ensuite complexifier progressivement les enjeux et les protagonistes. Soit une jeune femme, Santosh, forcée de s’engager dans la police pour survivre, après la mort de son mari mort en service. Elle est rapidement prise sous l’aile d’une gradée charismatique, efficace, et les deux vont enquêter sur le viol et l’assassinat impuni d’une jeune femme de basse caste. En se plaçant fermement dans le regard de sa protagoniste, la cinéaste, auparavant remarquée pour ses documentaires, rejoue sous un angle policier la carte du récit initiatique. C’est un monde bien entendu corrompu et injuste que découvre la jeune héroïne. Mais cet angle, à la fois malin et prévisible, devient touchant lorsque les personnages sortent des cases qui leur ont été un peu imposées, pour faire apparaître une souffrance, un malaise, qui donnent une chair bienvenue au film. C’est donc lorsque Santosh échappe à son programme louable, mais balisé, de thriller engagé que l’œuvre montre enfin pleinement le regard d’une cinéaste aux prises avec les contradictions de son pays.

Pierre-Simon Gutman

Film franco-germano-anglais (2024) de Sandhya Suri avec Shahana Goswami, Sanjay Bishnoi, Sunita Rajwar. 2h.




Back to Top ↑