Radio Prague, les ondes de la révolte de Jirí Mádl
On assiste depuis quelques mois à un retour vers le passé en provenance de plusieurs territoires de l’ex-bloc de l’Est qui résonne en écho à l’invasion du territoire ukrainien par les troupes russes depuis février 2022. Lauréat du prix du public au festival de Karlovy-Vary le troisième film du comédien tchèque Jirí Mádl illustre cette tendance en évoquant le Printemps de Prague à travers le destin d’un ingénieur du son engagé par une station de radio plutôt subversive qui va utiliser son métier pour résister à l’influence soviétique. Avec en filigrane le rôle de la police secrète qui exerce son chantage sur des citoyens utilisés comme indicateurs. Le film montre les dessous du totalitarisme à travers un groupe d’idéalistes contaminés par l’ivresse de liberté soixante-huitarde. Un leitmotiv qui a récemment inspiré en Pologne Varsovie 83, une affaire d’État et en Roumanie Radio Metronom et Ce nouvel an qui n’est jamais arrivé (à l’affiche le 30 avril), primé à la dernière Mostra de Venise. Radio Prague, les ondes de la révolte met en scène des événements historiques que les médias de l’époque n’ont jamais montrés (et pour cause !) en soulignant la puissance d’évocation inégalée du cinéma, même si le théâtre des opérations se compose ici pour l’essentiel de quelques lieux impersonnels par définition difficiles à localiser pour les forces gouvernementales. Cette évocation soignée constitue par ailleurs un bel hommage à cette radio considérée dès ses débuts comme une arme de propagande massive.
Jean-Philippe Guerand
Vlny. Film tchéco-slovaque de Jirí Mádl (2024), avec Vojtech Vodochodský, Tatiana Pauhofová, Stanislav Majer, Ondrej Stupka 1h56. En salle.