Publié le 5 janvier, 2025 | par @avscci
0Quiet Life d’Alexandros Avranas
Dans un appartement aux tons pastel pourvu des principaux accessoires du confort moderne et meublé de façon spartiate mais fonctionnelle, une famille russe en instance de droit d’asile en Suède reçoit au domicile qu’on a mis à sa disposition une délégation chargée d’établir un rapport administratif sur ses conditions de vie. Plus tard, ce couple et ses deux filles se voient convoqués pour un interrogatoire dénué de bienveillance, afin de vérifier la légitimité de leur demande de naturalisation et leur détermination à devenir des citoyens modèles. Avec pour hantise la perspective d’un retour contraint en Russie et les mesures de rétorsion qu’il entraînerait fatalement. Alexandros Avranas imprime à cette chronique clinique de l’intégration dans un pays scandinave un caractère de déshumanisation exempt de compassion. Sa mise en scène s’articule sur le contraste saisissant qui oppose à ces décors impersonnels mais impeccables des êtres priés de faire abstraction de leurs états d’âme. Avec ici les dégâts collatéraux qu’entraîne cette situation dont des troubles psychologiques jusqu’alors inconnus désignés sous le titre de “syndrome de résignation” qui se caractérise par un repli sur soi progressif et irréversible, puis un coma profond dans une sorte de réflexe d’autodéfense désespéré. Un propos servi à la fois par la rigueur des cadrages, des mouvements de caméra réduits à leur plus simple expression et le jeu tout en retenue des interprètes qui confèrent à ce parcours du combattant des allures de calvaire dans un univers oppressant d’où les couleurs vives ont été effacées.
Jean-Philippe Guerand
Film franco-gréco-estono-suédo-germano-finlandais d’Alexandros Avranas (2024), avec Chulpan Khamatova, Grigoriy Dobrygin, Naomi Lamp, Miroslava Pashutina. 1h39.