Critique

Publié le 3 octobre, 2024 | par @avscci

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Quand vient l’automne de François Ozon

François Ozon est sans doute aujourd’hui le réalisateur français le plus prolifique, au rythme métronomique d’un film par an et en alternant systématiquement les genres. Après deux adaptations théâtrales radicalement antagonistes, Peter Von Kant (2022) et Mon crime (2023), il renoue dans son nouvel opus avec la veine de Sous le sable (2024). Une vieille dame un rien fantasque se réjouit d’accueillir son petit-fils pour les vacances, mais souffre du mépris et de l’indifférence de sa fille (Ludivine Sagnier). Avec en filigrane un secret qu’elle partage avec sa meilleure amie dont le fils (Pierre Lottin) a quant à lui échoué en prison. Quand vient l’automne est à la fois une réflexion sur le vieillissement et la pesanteur des préjugés. À partir d’un point de départ qui aurait pu engendrer un mélodrame, Ozon esquisse deux magnifiques portraits de femmes littéralement habitées par des actrices qui réussissent encore à surprendre malgré leur expérience : Hélène Vincent et Josiane Balasko. Il saupoudre en outre son récit de quelques éléments qu’on associe volontiers aux contes de fées, notamment une forêt et des champignons, avec le cortège de fantasmes qu’ils impliquent. Résultat : un film gigogne qui pratique le mélange des genres, mais plutôt que de suivre un itinéraire rectiligne nous entraîne sur le registre du polar, de l’étude de mœurs, du drame psychologique et même du fantastique. Car pour Ozon, le cinéma est aussi l’art de la déroute et qu’il n’entend surtout pas se laisser enfermer dans un registre plutôt qu’un autre, tant il se défie du confort et se méfie du conformisme.

Jean-Philippe Guerand

Film français de François Ozon (2024), avec Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier, Pierre Lottin 1h42.




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