Critique

Publié le 15 janvier, 2024 | par @avscci

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Primadonna de Marta Savina

Un visage d’ange : celui de Lia Crimi, une jeune femme déterminée qui, dans la Sicile des années 60, va braver la loi des hommes, non seulement en refusant le mariage que cherche à lui imposer un fils de notable après avoir abusé d’elle, mais en allant jusqu’à lui intenter un procès. Le personnage principal de Primadonna est une héroïne authentique qui ose donner un coup de pied dans la fourmilière d’une société patriarcale archaïque où la domination machiste répond à la définition de Giuseppe Tomasi di Lampedusa dans Le Guépard selon laquelle « tout change pour que rien ne change ». C’est avec sa sensibilité de femme d’aujourd’hui que Marta Savina orchestre cette étude de caractères, tout en soignant sa reconstitution des années 60 telles que l’âge d’or du cinéma italien les a immortalisées, que ce soit chez Mauro Bolognini, Pietro Germi ou Valerio Zurlini. La réalisatrice a choisi pour cela une interprète au charme intemporel : Claudia Gusmano, subtil mélange de Claudia Cardinale et de Stefania Sandrelli. Primadonna questionne la condition féminine dans un contexte fermé à l’évolution des mœurs. Mais il n’y a pas de fatalité qui ne se conteste et à la faveur de #MeToo émergent du passé des figures de la révolte qui ont contribué d’une façon ou une autre à briser des mœurs déconnectées de la réalité… La cinéaste dresse un tableau crédible de la société sicilienne d’alors en évitant la tentation qui aurait pu consister à utiliser le noir et blanc pour jouer la carte de la nostalgie. Avec une conscience toutefois plus aiguë de ce que devrait être la condition féminine.

Jean-Philippe Guerand

La Ragazza del futuro. Film italo-français de Marta Savina (2022), avec Claudia Gusmano, Fabrizio Ferracane, Francesco Colella. 1h40.




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