Publié le 27 octobre, 2017 | par @avscci
0Pour le réconfort de Vincent Macaigne
Le comédien Vincent Macaigne occupe depuis dix ans une place importante dans le cinéma d’auteur français, chez Louis Garrel, Anne Fontaine, Antonin Peretjatko, Guillaume Brac. Il est aussi un metteur en scène de théâtre prolifique, adaptant Shakespeare, Molière ou Dostoïevski. Il a tourné ce premier long métrage, avec la complicité de ses camarades de planches, sur plusieurs années, avec une économie très modeste. Une vraie création collective, inspirée de loin de La Cerisaie de Tchekhov. Comme lui, il décrit la fin d’un monde. Trois couples liés par une vieille amitié, et séparés par l’implacable lutte des classes. Un frère et une sœur de souche aristocrate, un couple d’entrepreneurs bourgeois et conquérants, et les prolétaires toujours vaincus. Filmant en 1:33, souvent en très gros plan, Macaigne fait passer dans des dialogues pleins de ressentiments son angoisse d’un monde en perte de sens. Un monde qu’il estime en état d’ »avant-guerre ». Une France du centre (tout se passe dans l’Orléanais) où l’argent se gagne en bâtissant pour les régiments de vieillards qui sont « l’avenir », selon la remarque mi-ironique, mi-sérieuse, d’un des personnages. Les acteurs laissent un peu trop voir leur maîtrise du jeu théâtral, le cinéaste alterne des moments de belle inspiration visuelle et des hésitations dans l’usage de cette forme très particulière. Des limites qui n’empêchent pas d’apercevoir une vraie préoccupation morale et politique, une inquiétude autour de la perte, de l’héritage, du cynisme, des regrets et de la violence qui touche et réussit à émouvoir.
René Marx
Film français de Vincent Macaigne (2017), Avec Pauline Lorillard, Pascal Rénéric, Emmanuel Matte, Laurent Papot, Joséphine de Meaux, Laure Calamy. 1h31.
Critique en partenariat avec l’ESRA.