Pig de Michael Sarnoski

L’affiche du film pose clairement son attrait central : Nic Cage est de retour ! Après une grande période de n’importe quoi, Cage a clairement repris du poil de la bête afin de se concentrer sur des projets et collaborations (Sono Sion) un peu plus exigeantes. Pig représente même une belle ambition pour l’acteur, puisque c’est la première fois depuis longtemps qu’il soutient un jeune metteur en scène pour son premier long métrage, faisant ainsi preuve d’un certain engagement. La persona du comédien est de fait essentiel, puisque tout le récit se tient sur une forme de renversement des valeurs et des codes attendus, incarnés également par sa star. Soit un homme revenu de tout, terré loin du monde, qu’une action particulière (l’enlèvement de son cochon truffier) va sortir de sa torpeur, pour replonger dans le vaste monde en quête de justice et de vengeance. L’œuvre se déploie alors sur deux axes : une visite amusante de la version underground du milieu de la grande cuisine, où le héros fut un chef (avec même des fight clubs !), ainsi qu’une forme de parodie de l’histoire de vengeance attendue. Ainsi, lorsque finalement le protagoniste décide de faire enfin appel à ses anciennes connaissances, c’est pour préparer une contre-attaque qui se déroule à l’inverse même de la violence programmée, que le scénario semblait annoncer. C’est là une force, et une limite, car une dimension un peu programmatique apparaît. Le cinéaste a du talent, un œil, propose quelques très belles scènes, mais se laisse enfermer dans un récit trop ficelé et structuré, à la fin maligne, mais très fermée. Cage est en revanche excellent, mais c’était attendu.

Pierre-Simon Gutman

Film américain de Michael Sarnoski (2021), avec Nicolas Cage, Alex Wolff, Adam Arkin. 1h31.