Publié le 28 août, 2021 | par @avscci
0Petites danseuses d’Anne-Claire Dolivet
Voici un film dont le titre pourrait prêter à confusion. Rien d’ambigu ou de douteux dans ce documentaire qui s’attache à montrer la grandeur et la servitude de la danse pratiquée de façon intensive, qui est plus est par des petites filles prépubères qui vont devoir apprendre à dompter leur corps pour se plier à une discipline contraignante qui relève autant du sport d’élite que de la démonstration artistique. Anne-Claire Dolivet a trouvé en Muriel une enseignante qui réussit à concilier exigence et bienveillance pour pousser ses jeunes élèves à se transcender sans que leur sacrifice vire au calvaire. Elle a en outre choisi d’écrire la continuité de son film avec Mathias Théry, lui-même réalisateur, remarqué l’an dernier pour La Cravate. Celui-ci a enrichi le projet d’un point de vue masculin sur l’enfance, sans manifester aucun intérêt particulier pour la danse. Un double regard qui confère au film une approche d’autant plus intéressante que le partage des tâches s’est opéré naturellement, la réalisatrice gérant le tournage proprement dit, pendant que son complice assurait le montage. À l’écran, la caméra s’approche délicatement des ballerines comme pour mieux les apprivoiser, surprenant des moments d’intimité étonnants, à l’instar de ces relations compliquées entre deux sœurs rivales malgré elles ou les états d’âme des unes et des autres. Chacune réagit avec sa personnalité et s’intègre à sa façon. C’est cette diversité et ces rêves fragiles que montre Petites Danseuses avec une délicatesse et une empathie qu’accompagne un souci esthétique jamais prépondérant.
Jean-Philippe Guérand
Film documentaire français d’Anne-Claire Dolivet (2020). 1h31.