Publié le 2 juin, 2021 | par @avscci
0Petit Maman de Céline Sciamma
Nelly, 8 ans, vient de perdre sa grand-mère, dont il faut vider la maison sans tarder. En se promenant dans le bois environnant, elle rencontre une petite fille de son âge, et comprend peu à peu qu’elle est en présence de sa maman lorsqu’elle était petite. Prenant le prétexte d’un récit fantastique à hauteur d’enfant, Céline Sciamma creuse joliment l’idée d’une sororité atypique, qui permet de penser différemment les rapports mère-fille, loin des clichés de cinéma et des rapports de force ancestraux. Dans ce conte faussement naïf, il y a au contraire l’idée d’une rencontre amicale et d’une complicité immédiate et limpide que rien ne vient surligner. On pourrait reprocher à la réalisatrice de s’en tenir à cette ligne ténue, presque monocorde, dans laquelle aucun obstacle ni force antagoniste ne vient jamais contrarier les désirs des personnages. Mais c’est justement cette apparente facilité narrative qui fait la force du film, et vient réaffirmer la possibilité, si ce n’est la nécessité, de filmer autrement les récits intimistes. Ce qui revient en parallèle à réinventer les rapports humains, y compris filiaux, et à s’extraire de structures verticales subies pour aller vers une horizontalité choisie et même revendiquée. Dans le laboratoire d’expériences qu’est Petite Maman, la mère et la fille se lancent ainsi d’égale à égale dans un jeu de rôle grandeur nature qui semble d’une grande simplicité, mais dont la délicatesse irradie le récit. Le résultat est minimaliste et délicat, tout en ouvrant la porte à des réflexions plus larges sur la question de l’enfance, de la maternité et de la transmission.
Marie-Pauline Mollaret
Film français de Céline Sciamma (2020), avec Gabrielle Sanz, Joséphine Sanz, Nina Meurisse, Margot Abascal. 1 h 12.