Critique

Publié le 2 juillet, 2024 | par @avscci

0

Pendant ce temps sur terre de Jérémy Clapin

Difficile de continuer à vivre quand on a perdu la chair de sa chair. Son frère aîné étant porté disparu au cours d’une mission spatiale, Elsa est contactée par une forme de vie inconnue venue d’ailleurs… Une thématique ambitieuse pour une invitation au rêve qui revendique son appartenance au cinéma d’auteur français traditionnel. À une nuance près : Jérémy Clapin s’est fait remarquer avec J’ai perdu mon corps, un premier long métrage d’animation qui a obtenu le grand prix de la Semaine de la critique à Cannes et une nomination à l’Oscar. La dimension fantastique de son film se réduit à des effets minimalistes qui reflètent en fait un léger décalage de la réalité, au point qu’on puisse en arriver à douter de la raison de son héroïne. Et comme on ne se refait pas, Jérémy Clapin choisit de confronter deux formes esthétiques et narratives distinctes auxquelles il assigne une fonction prédéfinie. Le quotidien passe par la prise de vues traditionnelle, tandis que l’imaginaire intérieur s’exprime à travers l’animation. Résultat, cette alchimie engendre une poésie qui doit beaucoup à son traitement esthétique, dans la mesure où le réalisateur laisse son libre-arbitre au spectateur quant à décider jusqu’où peut vagabonder l’imagination de cette jeune fille qui se raccroche littéralement à ses rêves pour éviter de sombrer dans le désespoir. Le réalisateur trouve en cela une interprète de choix en la personne de Megan Northam. L’habileté de la mise en scène consiste à jouer d’infimes entorses avec le réel qui contribuent à nous enfermer dans le doute : où s’arrête la vérité et où débute le rêve ?

Jean-Philippe Guerand

Film français de Jérémy Clapin (2024), avec Megan Northam, Sofia Lesaffre, Catherine Salée, Sam Louwyck. 1h29.




Back to Top ↑