Parthenope
Ceux qui ont admiré les premiers films de Sorrentino (dont Il Divo), l’ont lâché dès This Must Be The Place, se sont irrités de la pacotille de Youth ou de La Grande Bellezza… Ceux qui se sont réconciliés avec lui grâce à la sincérité de La Main de Dieu… Ceux-là vont être encore secoués de doutes par ce Parthenope qui avance à nouveau avec les gros sabots d’un cinéaste qui se prend pour Fellini ou plus, sait créer des moments de cinéma extraordinaires puis tombe dans la vulgarité à force d’espérer briller à tout prix. Le pur Napolitain qu’est Sorrentino (son nom signifie « habitant de Sorrente ») imagine une fille qui sera Naples à elle toute seule. Parthenope, la sirène qui voulut abuser Ulysse se suicida avant que son corps ne vienne échouer dans la baie légendaire. Elle est aussi cette fille du XXè siècle qu’invente Sorrentino. Il trouve une comédienne belle et talentueuse, la filme avec une insistance de voyeur gâteux ou de gamin immature, sur le modèle des personnages de tous ses films, des hommes mûrs, solitaires, laids ou trop communs, perdant le Nord devant des beautés inaccessibles. Le scénario est absurde. La belle fille est anthropologue ? On ne comprend jamais pourquoi. Le cinéaste hésite entre le pire de Bertolucci (Beauté volée) et le meilleur de Jean Cocteau (Les Enfants terribles). Comme il est parfois génial, il lance des éclairs baroques qui valent le voyage. Mais l’histoire de l’Italie, dont il prétend rendre compte, ne l’intéresse absolument pas, et, malheureusement, sa métaphore entre la jeune fille et la ville de Naples n’a ni queue (de sirène) ni tête.
René Marx
Film italien de Paolo Sorrentino (2024), avec Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman. 2h17.