Critique

Publié le 29 août, 2024 | par @avscci

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Paradise is burning de Mika Gustafson

Dans une région ouvrière de Suède, trois sœurs vivent en se serrant les coudes depuis que leur mère les a abandonnées à leur sort. Jusqu’au jour où les services sociaux s’avisent de cette situation préoccupante et où elles sont contraintes de recourir à une génitrice de substitution pour duper l’administration et continuer à vivre dans l’insouciance relative du cocon qu’elles ont tissé en marge des conventions sociales en usage. Paradise is Burning marque les débuts dans la fiction de la documentariste Mika Gustafson sur le registre classique du film d’apprentissage. Elle y dépeint des mineures contraintes par les événements de monter en graine et d’assumer, au moins pour l’aînée, des responsabilités légalement dévolues aux adultes, en se jouant des règles sociales en vigueur. Un portrait de groupe sur fond de sororité qui fait écho à de nombreux films sortis ces derniers mois dans lesquels des gamins s’émancipent pour combler les lacunes de ceux qui sont sensés les élever, à tous les sens du terme. Constat accablant d’une faillite collective qui entérine la prise de pouvoir d’une génération victime de l’impéritie et de l’incurie chroniques de ses aînés immatures et démissionnaires. Ce conte moral peut aussi être interprété comme une célébration de l’insouciance à travers trois personnages féminins entre enfance et adolescence qui célèbrent la liberté et l’audace sous le signe de la bonne humeur, face à la rigueur d’un système arc-bouté sur des conventions inadaptées parce que trop coupées du réel. Ce paradis qui brûle, c’est aussi le premier acte de la fin de l’innocence.

Jean-Philippe Guerand

Paradiset brinner. Film suédo-italo-dano-finlandais de Mika Gustafson (2023), avec Bianca Delbravo, Dilvin Asaad, Marta Oldenburg, Mitja Siren. 1h48.




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