Critique

Publié le 17 avril, 2025 | par @avscci

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Oxana de Charlène Favier

Nous avons récemment vu Julie Gayet se faire la (talentueuse) avocate d’Olympe de Gouges, révolutionnaire et féministe sincère, décapitée en un temps où il valait mieux filer droit si l’on ne voulait pas risquer sa tête. Or à deux siècles d’écart, l’histoire d’Oxana semble presque identique. Puisque notre héroïne se bat pour changer le monde (et le sort réservé aux femmes) et finit par y perdre la vie. Oxana, c’est Oksana Chatchko, la plus connue des militantes Femen. L’une de ces femmes qui ont défrayé la chronique par des actions de groupe aussi spectaculaires que médiatisées, notamment en défilant les seins à l’air avec des slogans sur le corps. Née en Ukraine, encore soviétique, très tôt consciente du manque de démocratie dans son pays et du peu de considération dévolue aux femmes, elle s’engage dans un parcours militant parsemé d’accidents plus ou moins violents. Mais quand elle prend racine à Paris, son chemin de croix n’est pas terminé pour autant : sa sensibilité à fleur de peau empêche toute quiétude. Par ailleurs elle ne peut rien pour contrer la dérive vers une forme de spectaculaire vidé de son sens du mouvement Femen, qui se délite et explose. Toutes proportions gardées et idéologiquement à des années-lumière son parcours on ne peut plus désespéré et chaotique s’approche de celui d’un (presque) concitoyen, Edouard Limonov, dont le portrait a été récemment brossé par Kirill Serebrennikov dans un film éponyme. Celui de Charlène Favier est en tous cas exemplaire et tellement éclairant pour ceux qui ne voyaient jusque-là dans les Femen qu’un mouvement pittoresque et provocateur. La signataire du très beau Slalom (la dénonciation de l’emprise d’un coach sportif sur l’une de ses élèves) continue à porter haut la flamme d’un féminisme convaincu. Et convainquant.

Yves Alion

Film français de Charlène Favier (2024), avec Noée Abita, Oksana Zhdanova, Maryna Koshkina. 1h44.




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