OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire de Nicolas Bedos

Treize ans : c’est le temps qu’auront dû attendre les fans pour pouvoir découvrir l’opus trois des aventures d’Hubert Bonisseur de la Bath campé par Jean Dujardin. Une saga devenue culte à travers laquelle le scénariste Jean-François Halin a entraîné l’agent secret imaginé par Jean Bruce dans une France d’Après-Guerre arc-boutée sur ses bons vieux réflexes identitaires entachés de collaboration, de colonisation et de racisme banalisé. À chaque chapitre de ce revival sa décennie : les Swinging Sixties dans OSS 117 : Le Caire nid d’espions (2006), les années 70 dans OSS 117 : Rio ne répond plus (2008) et aujourd’hui le solde mitterrandien de la Françafrique dans OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire. Nicolas Bedos prend ici la relève de Michel Hazanavicius, tandis que Pierre Niney incarne la génération montante dans le rôle de l’agent OSS 1001, un jeune loup pétri de certitudes. Paradoxalement, ce nouvel opus donne l’impression d’avoir succombé au diktat du politiquement correct en se prémunissant de la menace potentielle des racialistes et du mouvement #MeToo. Seul le personnage campé par Dujardin s’autorise quelques saillies à imputer davantage à sa maladresse qu’à un mauvais esprit délibéré. Comme si les prises de conscience récentes de la société rendaient désormais intolérable l’humour frondeur qui a rendu culte cette saga, la tonalité des romans de gare signés par Jean Bruce étant passée du premier au second degré sous l’effet de la contribution de Jean-François Halin et malgré l’arrivée du trublion Nicolas Bedos aux commandes. Mais ce sont les fans qui trancheront…