Critique

Publié le 9 juillet, 2024 | par @avscci

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Only the river flows de Shujun Wei

Présenté à Cannes l’an passé, Only the river flows aura mis un an à couler jusqu’à dans nos salles. Mais notre attente n’aura pas été vaine : le film est magnifique. Difficile de ne pas penser aux films de Diao Yinan (Train de nuit, Black Coal, Le Lac aux oies sauvages), c’est la même atmosphère poisseuse, la même plongée dans les ténèbres. Il pleut d’ailleurs pendant une bonne partie du film. Un film qui nous invite à suivre un flic de province enquêtant sur trois meurtres perpétrés dans le secteur qui lui incombe. Le cinéaste s’élance en petite foulée, de façon presque classique, nous faisant faire la connaissance du flic et de ses lieutenants, installés dans une salle de cinéma désaffectée. Mais plus l’enquête progresse, plus la foulée s’allonge et plus le film semble frappé par l’ange du bizarre. Et l’enquête policière devient peu à peu une quête métaphysique, au fur et à mesure que la hiérarchie semble s’en désintéresser et que le comportement du policier vire à l’inverse à l’obsession. Tant et si bien que le spectateur cesse peu à peu de chercher à dénouer les fils de l’histoire (des fils d’autant plus emberlificotés que des scènes de rêve -remarquablement mises en scène- viennent ponctuer les journées du flic en pleine confusion), pour peu à peu partager le vertige, le flottement du héros. On est parfois abasourdi de constater l’écart entre la propagande officielle (le régime chinois n’est pas facilement en proie au doute) et ce que certains films laissent entrevoir. Only the river flows est à cet égard l’un des films les plus bluesy du moment, toutes cinématographies confondues. Un régal…

Yves Alion

Film chinois de Shujun Wei (2023), avec Yilong Zhu, Chloe Maayan, Tianlai Hou, Linkai Tong. 1h41.




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