Publié le 22 novembre, 2021 | par @avscci
0Olga d’Elie Gappe
Olga est un long métrage ukrainien qui, dans un premier temps, déroule un peu trop sagement un programme esthétique et idéologique clair, quoiqu’un peu fermé. Soit une jeune athlète obsédée par la gymnastique et la gloire des médailles découvrant, alors que sa nation et sa propre mère se battent sur la place Maidan, que son ambition sportive peut, contre toute attente, percuter ses racines, son attachement à son pays, voire son identité. Cette problématique claire qui oppose un engagement personnel à l’engagement collectif, pourrait être trop abstraite si le metteur en scène, Elie Grappe, n’injectait pas une dimension plus viscérale. Au cœur de son film se trouve en effet le corps d’Olga, les souffrances et défis qu’elle se pose, les tortures qu’elle s’inflige presque. La réalisation réussit à créer un choc frontal entre plusieurs souffrances, entre celle du physique et celle de l’esprit. Olga effectue un chemin de croix qui correspond aussi à une forme de réappropriation : de sa vie, de ses projets, de son propre corps bien entendu, de sa vision d’elle-même. Ce beau sujet (que faire quand l’ambition d’une vie sonne soudain faux ?) parvient à échapper au piège en trouvant ainsi souvent une incarnation physique primale, touchante, qui emporte les petits défauts et l’académisme dont fait parfois preuve Grappe. Soutenue par une actrice formidable, Olga se conclut par une vision utopique pas tout à fait crédible mais, pour le coup, entièrement méritée.
Pierre-Simon Gutman
Films ukraino-suisse d’Elie Gappe (2021), avec Nastya Budiashkina, Sabrina Rubstova, Caterina Barloggio. 1h27.