Novembre de Cédric Jimenez

Les attentats de novembre 2015, débouchant sur un bain de sang au Bataclan et dans les cafés du quartier restent bien évidemment un traumatisme national dont nous aurons du mal à nous défaire. C’est peu dire que Cédric Jimenez marchait sur des œufs en leur consacrant un film. Novembre a la première élégance de ne pas s’égarer dans toutes les directions, ce qui nous est montré c’est la traque des terroristes islamistes par les services de police, rien de plus, rien de moins. Sur une trame proche de celle de son HHhH (qui retraçait la poursuite par les nazis des résistants tchèques responsables de l’assassinat de Heydrich), le film en est de fait l’exact contraire (la caméra ne quittait pas les résistants, considérés eux aussi comme « terroristes »). Mais Novembre évoque tout autant Bac Nord, puisque nous est de nouveau détaillé le fonctionnement des services de police. Et bien sûr le tout premier film de Jimenez, Aux yeux de tous, qui avait attiré notre attention sur la capacité des caméras de surveillance à faire avancer une enquête moderne. La traque des assassins de novembre est connue par ceux qui au minimum ont un peu lu les journaux. Mais le film, mené tambour battant, sans la moindre trace de gras, propose des images saisissantes et déroule l’impeccable dramaturgie des cinq jours qui ont suivi le drame. D’une certaine manière Novembre a beaucoup à voir avec Notre-Dame brûle, l’ode à la police prenant la place de celle faite aux pompiers dans le film d’Annaud. A la clé un suspense d’enfer, la mission étant cette fois-ci d’éteindre le feu islamiste.

Yves Alion

Film français de Cédric Jimenez (2022), avec Jean Dujardin, Jérémie Rénier, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Lyna Khoudri. 1h 45.