Critique

Publié le 24 novembre, 2023 | par @avscci

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Napoléon de Ridley Scott

Tiraillé entre passé et futur, Ridley Scott a signé dès son premier film, Duellistes (1977), l’une des plus justes évocations de l’ère napoléonienne. Il y avait donc une certaine logique à ce qu’il s’attaque un jour à la figure tutélaire de cette époque. Mais contrairement à beaucoup de ses prédécesseurs qui ont choisi de se concentrer sur tel ou tel pan de sa vie, le cinéaste britannique le met en scène de la décapitation de Marie-Antoinette à ses deux exils successifs. Le scénario habile de David Scarpa brasse donc l’écume de ses jours, tout en choisissant pour centre de gravité la passion brûlante de Napoléon pour Joséphine (une Vanessa Kirby vénéneuse à souhait) qui synthétise sa stratégie de conquête territoriale. Jusqu’au moment où la naissance d’un héritier devient une affaire d’État. Certes, ce Napoléon mené à un train d’enfer procède à des raccourcis saisissants, mais il n’élude aucun morceau d’anthologie, du couronnement express aux grandes batailles à travers lesquelles le metteur en scène de Gladiator démontre sa virtuosité bien connue en la matière, en basculant du soleil d’Austerlitz au crépuscule de Waterloo. Le film est par ailleurs indissociable de son interprète principal, Joaquin Phœnix, qui endosse le rôle de 20 à 52 ans. Sa crédibilité doit moins au maquillage et aux effets numériques qu’à la pure performance de l’acteur dont le visage fermé exprime la flamme intérieure qui ronge autant le chef de guerre que l’amoureux. Ridley Scott trouve le juste équilibre entre scènes intimistes et images d’Épinal, mais le film est porté par un souffle incontestable.

Jean-Philippe Guerand

Napoléon. Film britannique de Ridley Scott (2023), avec Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby, Tahar Rahim, Rupert Everett, Ludivine Sagnier. 2h38.




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