Publié le 29 décembre, 2024 | par @avscci
0My Sunshine d’Hiroshi Okuyama
Au Japon, la tradition veut que les garçons pratiquent le hockey sur glace, tandis que les filles se consacrent plutôt au patinage artistique. Lorsqu’un hiver sur l’île d’Hokkaidō, Takuya tombe sous le charme de Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, le coach de celui-ci accepte de les entraîner en duo, en misant sur leur complicité en laquelle il se projette. Un sujet tout simple pour un film touchant qui constitue pour son réalisateur une sorte d’exorcisme nostalgique, lui qui fut raillé par ses camarades à l’école primaire et se projette dans son jeune protagoniste atteint de bégaiement. Le tout à travers une mise en scène d’une grande douceur. Parmi les références cinématographiques qu’invoque Hiroshi Okuyama figure en très bonne place le court métrage français d’Albert Lamorisse Le Ballon rouge (1956) dont un autre réalisateur asiatique, le Taïwanais Hou Hsiao-hsien, a tiré un remake sous le titre Le Voyage du ballon rouge (2008). My Sunshine ne s’en réclame que pour la primauté accordée à l’image par un réalisateur qui est aussi scénariste, chef opérateur et monteur. On y perçoit en outre la fascination du garçon pour sa partenaire à travers ce rituel codé que constitue la danse sur glace, à travers un parti pris de mise en scène qui consiste à situer symboliquement cette progression vers l’excellence le temps d’un hiver, de la première neige au dégel, en entraînant le spectateur dans un véritable cocon réconfortant qui va de pair avec une stylisation esthétique et chromatique immaculée comme on n’en rencontre qu’assez rarement dans le cinéma japonais contemporain.
Jean-Philippe Guerand
Boku No Ohisama. Film franco-japonais d’Hiroshi Okuyama (2024), avec Sôsuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama, Kiara Takanashi, 1h30.