Publié le 29 décembre, 2024 | par @avscci
0Mon inséparable d’Anne-Sophie Bailly
Court-métragiste et scénariste, notamment du Procès du chien de Laetitia Dosch, Anne-Sophie Bailly s’attaque dans son premier long aux relations intenses d’une mère avec son fils unique que vient fracasser brutalement le réel. Ce jeune adulte atteint d’un retard cognitif est en effet amoureux d’une de ses collègues du centre d’aide par le travail qui se découvre… enceinte de ses œuvres. C’est la panique dans l’entourage des tourtereaux qui redoute la naissance d’un enfant handicapé. Dès lors, cette grossesse va concentrer toute leur attention, tandis que le jeune couple se prépare à la naissance. Mon inséparable n’adopte jamais la posture du pathos ou du film à thèse. Le cœur du propos se situe en fait dans l’amour absolu qui lie la mère à son fils et ce réflexe protecteur qu’elle a adopté depuis sa naissance sans imaginer qu’elle ait un jour à le partager. Avec aussi ce doute insidieux qui hante les parents malgré eux. Un rôle écrasant que Laure Calamy s’approprie avec une fougue dont elle a déjà témoigné dans deux autres personnages de mères : À plein temps et Une femme du monde, en 2021. Elle a toutefois face à elle ici un partenaire d’autant plus déconcertant que c’est son premier grand rôle à l’écran, Charles Peccia-Galletto. Mon inséparable fait partie de ces films qui vous poursuivent longtemps après leur générique de fin par leur subtile alchimie de charme et d’émotion. Avec en plus la capacité de balayer nos préjugés sur la “différence”, davantage dans l’esprit du Huitième Jour que d’Un p’tit truc en plus, en préférant l’humour au comique, mais sans artifices.
Jean-Philippe Guerand
Film français d’Anne-Sophie Bailly (2024), avec Laure Calamy, Charles Peccia- Galletto, Julie Froger, Geert Van Rampelberg. 1h34.