Mon ami robot de Pablo Berger

Pablo Berger, dont on se souvient notamment du puissant Blancanieves (2012), film muet en noir et blanc qui revisitait l’histoire de Blanche-Neige, aime jouer avec les formes cinématographiques. Pour son quatrième long métrage, adapté du roman graphique Robot Dreams de l’autrice américaine Sara Varon, il s’est donc naturellement tourné vers l’animation, qui, par essence, ouvre à l’infini le champ des possibles, en termes de représentations et d’esthétique comme de mouvement. Un défi artistique qu’il relève plutôt joliment en proposant une œuvre sensible et contemplative, pensée à la fois comme une méditation sur l’amitié, une observation du temps qui passe, et une chronique du New York des années 80, auquel le film rend un hommage appuyé. Au centre de l’intrigue, il y a donc Dog, un chien solitaire et introverti qui décide de se fabriquer un robot de compagnie. Entre les deux personnages, la relation est fusionnelle. Mais le sort les sépare, et chacun doit combler le vide qui l’habite. Ultra-référencé (Dog a par exemple dans son salon une affiche du film Yoyo de Pierre Etaix) et dénué du moindre dialogue, Mon ami robot promène sa nostalgie communicative et sa mélancolie douce-amère, mais aussi son humanisme plein d’humour, dans un univers richement défini, fourmillant de détails décalés et de clins d’œil fugaces. Ce New York aujourd’hui disparu devient le témoin attentif de cette amitié véritable, qui dit aussi la nécessité, parfois, de laisser l’autre poursuivre son propre chemin tandis que l’on apprend à aller de l’avant sans lui.

M.-P. M.

Robot Dreams. Film d’animation espagnol de Pablo Berger (2023). 1h36.