Publié le 9 juin, 2022 | par @avscci
0Mirahim, Les oubliés de la Terre Promise de Michale Boganim
Michale Boganim est née en Israël d’un père d’origine marocaine et d’une mère d’origine ukrainienne. Elle a étudié à Jérusalem, la philosophie. Puis à Paris, où elle a suivi les cours de Jean Rouch. Ses parents ont quitté Israël pour la France quand elle avait 7 ans. Israël est donc pour elle le pays de la petite enfance, mais aussi celui où ses parents furent des citoyens un peu particuliers, surtout son père, qui faisait partie des Mizrahim, c’est-à-dire des Juifs venus des pays musulmans, (Maghreb, Égypte, Irak, Yémen, Turquie, Iran) ou « orientaux » (Caucase, Géorgie notamment). Charlie Boganim, dont le décès en 2017 est le véritable point de départ de ce film, fut un militant des Panthères Noires d´Israël, groupe politique inspiré des Black Panthers des États-Unis, et qui visait à défendre les droits des Mizrahim dans les années 70. La cinéaste revient 50 ans après, traversant d’abord les villes où ces migrants furent relégués à leur arrivée, rejoignant Tel-Aviv et Jérusalem à la fin du film. Elle rencontre des témoins et ceux qui sont les jeunes Mizrahim d’aujourd’hui et fait un portrait très dur et argumenté du traitement cruel que subirent ces gens qui pensaient rejoindre la Terre promise. Le mot « racisme » est prononcé par tous les intervenants. Elle ne se filme elle-même qu’en profil perdu, de dos, parfois même se contente de filmer son ombre ou son reflet imprécis. Elle préfère mettre en avant sa propre fille, une enfant à qui ce film est adressé, la petite-fille d’un militant disparu, et parfois l’interprète à l’écran de sa propre mère. Après deux longs métrages passionnants tournés en Ukraine, Odessa ! Odessa ! en 2005 et La Terre outragée en 2012, Michale Boganim mêle son intimité familiale et l’histoire politique du XXè et XXIè siècles avec une énergie et une justesse rares. On attend impatiemment son nouveau film, Tel-Aviv – Beyrouth, actuellement en post-production.
René Marx
Film documentaire français de Michale Boganim (2021). 1h33.