Publié le 5 janvier, 2022 | par @avscci
0Mes frères et moi de Yohan Manca
Il y a beaucoup de choses dans Mes frères et moi, sûrement trop, comme c’est souvent le cas avec les premiers longs métrages, ce qui fait à la fois sa fragilité attachante et sa force romanesque. Aux motifs traditionnels de la chronique estivale adolescente, Yohan Manca (dont on avait énormément aimé le court métrage Hédi et Sarah) mêle en effet un autre thème classique, celui d’une rencontre déterminante avec l’art, en l’occurrence le chant lyrique, ainsi que des aléas familiaux parfois franchement dramatiques. S’inspirant à la fois de son expérience personnelle et de la pièce Pourquoi mes frères et moi, on est parti… de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre qu’il avait montée et jouée à l’âge de 17 ans, il met en scène quatre frères d’un quartier populaire du sud de la France réunis autour de leur mère plongée dans le coma. Le récit suit principalement Nour, le cadet à la personnalité solaire, incarné par le formidable Maël Rouin-Berrandou, qui est partagé entre sa loyauté à l’égard de sa famille et son désir d’émancipation. Sa rencontre avec une cantatrice venue animer des ateliers de chant dans son collège le révèle à lui-même, créant brusquement une distance avec ses frères. Le réalisateur dépeint alors avec finesse la manière dont l’évolution de Nour conduit la fratrie à trouver un nouvel équilibre. Loin du déterminisme plombant attendu, la fougue parfois rugueuse du quatuor, ainsi que son mélange de personnalités hautes en couleur, fait oublier les maladresses d’un scénario qui finit par s’essouffler un peu.
Marie-Pauline Mollaret
Film français de Yohan Manca (2021), avec Maël Rouin-Berrandou, Judith Chemla, Dali Benssalah, Sofian Khammes, Moncef Farfar. 1h48