Critique

Publié le 1 août, 2024 | par @avscci

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MaXXXine de Ti West

Révélé en France par X, le premier pan d’une trilogie vintage dont l’opus suivant, Pearl, n’a pas été projeté dans les salles françaises pour cause de pandémie de Covid-19, Ti West a de la suite dans les idées comme l’atteste MaXXXine qui clôt ce cycle. Au cœur de ce triptyque atypique trône la comédienne Mia Goth qui y arbore de multiples visages avec une irrésistible inclination pour le trouble et la perversité. Maxine, c’est elle : une actrice porno du milieu des années 80 qui tente une transition délicate vers le cinéma traditionnel, tandis qu’un tueur en série s’en prend aux starlettes en devenir. On retrouve dans ce film le caractère sulfureux de ceux qui l’ont précédé, à travers le lien ténu que représente derrière son statut en miroir cette vedette du X aussi fascinée par le sexe que la violence. Du grain de l’image au look des personnages, à l’ambiance sonore et au choix des décors, l’illusion est parfaite et les reconstitutions impeccables. Au point que le statut de la femme objet à ces époques pas si reculées est revendiqué, mais dynamité dans le même mouvement par cette héroïne qui éprouve aussi peu de scrupules à faire commerce de ses atouts charnels qu’à occire ceux qui en profitent et en abusent. Une morale sardonique pour des exercices de style dont la finalité consiste à dynamiter de l’intérieur l’une des pires manifestations du patriarcat. Ti West réussit la prouesse d’assumer un cinéma référentiel, tout en creusant son propre sillon. Avec en toile de fond une époque de grande confusion écartelée entre la libération des mœurs et l’escalade de la violence.

Jean-Philippe Guerand

Film américain de Ti West (2024), avec Mia Goth, Elizabeth Debicki, Moses Sumney, Giancarlo Esposito. 1h44.




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