Critique

Publié le 10 février, 2025 | par @avscci

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Maria de Pablo Larraín

Le destin de la cantatrice Maria Callas est de ceux qui stimulent les cinéastes à la fois par sa personnalité romanesque, sa voix unique et les célébrités qui ont traversé son existence. Après s’être attelé aux biopics de Lady Di dans Spencer (2021) et de la veuve de JFK dans Jackie (2017), le réalisateur chilien Pablo Larraín adopte en quelque sorte le point de vue opposé en s’attachant aux derniers jours de l’autre grand amour du milliardaire Aristote Onassis. Une femme au corps décharné et au visage émacié qui trouve en Angelina Jolie une interprète d’autant plus poignante qu’elle a elle-même subi plusieurs opérations chirurgicales qui l’ont éprouvée. Elle projette ainsi dans ce rôle son vécu personnel et vit les derniers moments de son personnage avec un mélange de résignation et de bravoure qui lui appartiennent. À son habitude, Pablo Larraín sort des sentiers battus de la reconstitution pour fantasmer l’idole en l’identifiant à ses rôles les plus marquants. Comme si cette femme au seuil de la mort se réincarnait une dernière fois à travers ses personnages et des enregistrements dont elle sait qu’ils constituent les seules traces tangibles de son existence terrestres et resteront un miracle unique aux oreilles de l’éternité. De la diva recluse dans la solitude, le film dresse un portrait vraiment touchant d’où émergent les figures de sa garde rapprochée, qu’il s’agisse des domestiques zélés campés par Pierfrancesco Favino et Alba Rohrwacher ou du médecin incarné par Vincent Macaigne. Dès lors, qu’importe que cet hommage admiratif et parfois inégal ose déroger à la doxa.

Jean-Philippe Guerand

Film américano-chilo-italo-allemand de Pablo Larraín (2024), avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher, Vincent Macaigne. 2h03. En salle.




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