Critique Madre de Rodrigo Sorogoyen

Publié le 23 juillet, 2020 | par @avscci

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Madre de Rodrigo Sorogoyen

Nous avions applaudi des deux mains les deux longs métrages précédents de Rodrigo Sorogoyen, Que Dios nos Perdone et El Reino, deux thrillers aussi réussis que différents. Entre eux, le cinéaste avait concocté un court, Madre, soit vingt minutes au bord de la crise de nerf, en compagnie d’une femme, au téléphone avec son fils de six ans, en grand danger, seul sur une plage des Landes. Un autre thriller, donc, intimiste et immersif, fait à grand renfort de plans-séquence et de steadicam.  Et Madre s’est btransformé en long… Intégrant son court éponyme, Sorogoyen a imaginé une suite, dix ans après la disparition du gamin. Nous retrouvons sa mère sur cette plage où sa vie a basculé, mais qui n’a pas perdu l’espoir de retrouver son enfant, désormais ado s’il a survécu. C’est ainsi qu’elle jette son dévolu sur un garçon de seize ans, auquel elle n’est pas indifférente… Mais le film ne lève jamais l’ambiguïté de leur relation. La jeune femme croit-elle vraiment que cet inconnu pourrait être son fils ? Le lien qui se noue devient-il amoureux ? Ce flou des motivations et des sentiments rejaillit sur le film dans son ensemble, qui semble parfois flotter, à l’instar de son héroïne, à l’inverse précisément de la partie introductive, aussi précise que nerveuse. Ce changement de pied peut déstabiliser. Mais à y regarder de plus près il ne fait qu’épouser l’humeur du personnage central, magnifiquement interprété par  Marta Nieto. Les scènes avec l’ado, campé quant à lui par Jules Porier (remarqué dans Marvin, d’Anne Fontaine) sont souvent formidables, en équilibre fragile entre tendresse et folie… 

Yves Alion

Film espagnol de Rodrigo Sorogoyen (2019), avec Marta Nieto, Alex Brendemühl, Anne Consigny, Frédéric Pierrot. 2h09.




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