Mad Fate de Soi Cheang

Le grand Johnny To est le producteur de ce nouveau film de l’auteur de Limbo (2021) et du très impressionnant City Of Darkness (2024) qui sortira en France le 14 août. Si les images sont magnifiques, avec ses mouvements de caméra très agréablement acrobatiques, ses couleurs éclatantes ou sinistres (on est dans les bas-fonds d’une ville insensée), c’est aussi le scénario qui est passionnant. Une histoire alambiquée, tordue, drôle et horrible, angoissante et foutraque. Un spécialiste frappadingue du Feng shui et du Yi King tente pendant tout le film d’aviser d’autres cinglés des dangers qui les guettent et qu’il a décelés dans ses douteuses opérations divinatoires. On est entre crimes sordides, visites à la morgue, flics abrutis et prolos hallucinés, dans un Hong Kong forcément labyrinthique. Flots de sang, crises de nerfs, profils psychiatriques, c’est du baroque à cœur joie, dans une énergie qu’on retrouvera bientôt dans City of Darkness, selon de toutes autres modalités. Le titre (« Destin fou ») confirme le petit peu de gravité contenu dans cette histoire délirante. Donner dans un récit au personnage principal la fonction de tenter d’éviter aux autres d’accomplir leur destin fatal est une belle habileté de scénariste. C’est très excitant pour le spectateur et crée peu à peu une séduction qui dépasse le film de genre.

René Marx

Film chinois (Hong Kong) de Soi Cheang (2023), avec Lam Ka-Tung, Lokman Yeung, Berg Ng. 1h48.