L’Histoire du soldat de R. O. Blechman
Adaptant l’opéra de poche cosigné par Igor Stravinsky et Charles Ferdinand Ramuz en 1917, l’artiste R.O. Blechman propose une relecture contemporaine, satirique et colorée, du conte originel mêlant l’horreur de la guerre aux références faustiennes. Il y adjoint une critique violemment anticapitaliste ainsi qu’un prologue et une conclusion rappelant le contexte, notamment artistique, de la création de l’œuvre. Surtout, il répond au véritable collage musical qu’avait orchestré Stravinsky (qui mêle différentes influences musicales, de Bach au Paso doble) par une liberté stylistique absolue, qui lui permet de combiner des passages abstraits (évoquant la peinture de l’après-guerre, et notamment Kandinsky ou Mondrian) avec une animation au style tantôt naïf, tantôt stylisé, qui reprend tour à tour les codes du théâtre d’ombres chinoises ou ceux du cinéma muet. Côté interprètes, le réalisateur s’est également fait plaisir en convoquant, pour la version originale, le cinéaste Dusan Makavejev, ainsi que André Gregory et Max von Sydow, et pour la version française Henri Salvador, François Périer et Serge Gainsbourg (qui campe à la perfection le personnage du diable tentateur). Créé pour la télévision en 1984, le film parvient pour la première fois dans les salles françaises, mais semble d’une étonnante modernité, notamment dans sa vision d’un futur où la standardisation de l’art serait définitivement la norme, et dans lequel chacun serait amené à vendre son âme non pour devenir riche et puissant, mais juste dans l’optique de subsister.
Marie-Pauline Mollaret
Film d’animation états-unien de R. O. Blechman (1984), avec les voix de Henri Salvador, François Périer et Henri Salvador. 0h55.
Adaptant l’opéra de poche cosigné par Igor Stravinsky et Charles Ferdinand Ramuz en 1917, l’artiste R.O. Blechman propose une relecture contemporaine, satirique et colorée, du conte originel mêlant l’horreur de la guerre aux références faustiennes. Il y adjoint une critique violemment anticapitaliste ainsi qu’un prologue et une conclusion rappelant le contexte, notamment artistique, de la création de l’œuvre. Surtout, il répond au véritable collage musical qu’avait orchestré Stravinsky (qui mêle différentes influences musicales, de Bach au Paso doble) par une liberté stylistique absolue, qui lui permet de combiner des passages abstraits (évoquant la peinture de l’après-guerre, et notamment Kandinsky ou Mondrian) avec une animation au style tantôt naïf, tantôt stylisé, qui reprend tour à tour les codes du théâtre d’ombres chinoises ou ceux du cinéma muet. Côté interprètes, le réalisateur s’est également fait plaisir en convoquant, pour la version originale, le cinéaste Dusan Makavejev, ainsi que André Gregory et Max von Sydow, et pour la version française Henri Salvador, François Périer et Serge Gainsbourg (qui campe à la perfection le personnage du diable tentateur). Créé pour la télévision en 1984, le film parvient pour la première fois dans les salles françaises, mais semble d’une étonnante modernité, notamment dans sa vision d’un futur où la standardisation de l’art serait définitivement la norme, et dans lequel chacun serait amené à vendre son âme non pour devenir riche et puissant, mais juste dans l’optique de subsister.
Marie-Pauline Mollaret
Film d’animation états-unien de R. O. Blechman (1984), avec les voix de Henri Salvador, François Périer et Henri Salvador. 0h55.