L’Heure du départ de Camille de Casabianca

Signant indifféremment films de fiction et documentaires, Camille de Casabianca n’a qu’une seule règle, celle d’être sincère et de nous livrer des films qui lui ressemblent. C’était patent lorsqu’elle nous a régalés jadis avec ses premiers films de fiction (Pékin Central, Après la pluie), dépaysants, déconcertants, subtils, plein d’ironie et de sentiments vrais. Cela reste évidemment le cas avec L’Heure du départ, un portrait à la première personne (où elle apparaît elle-même) de sa grand-mère, étalé sur une vingtaine d’années. Une nouvelle occasion de constater que c’est en étant le plus personnel que l’on devient universel. L’Heure du départ est de toute évidence un petit film en termes de production, à la limite du home movie (qui n’a pas vocation à bénéficier d’une large distribution), mais qui nous en dit tellement sur le temps qui passe, sur l’usure du corps et de l’âme. Germaine Fraissé (c’est le nom de la vieille dame) ressemble à beaucoup de femmes de son âge. Mais sa parentèle (elle donc l’aïeule de la réalisatrice et incidemment la mère du cinéaste Alain Cavalier) lui vaut de figurer sur ce film qui la rend immortelle aux yeux des siens, témoignant par la même occasion de cette lente marche vers la fin de vie, qu’elle aborde avec beaucoup de sérénité. Ce film sur la mort est aussi une leçon de vie… On notera que le film sort avec quelques semaines d’avance sur Vortex, signé Gaspar Noé, qui nous entraîne dans l’intimité d’un couple qui vit ses derniers moments. Nous en reparlerons…

Yves Alion

Film documentaire français de Camille de Casabianca (2022), avec Germaine Fraissé, Rosa Pons Roig, Camille de Casabianca. 1h20.