Critique

Publié le 5 avril, 2023 | par @avscci

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Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan de Martin Bourboulon

Huit mois de tournage, un budget naturellement royal, deux volets distincts, une figuration d’anthologie, des décors qui en imposent, Les Trois Mousquetaires est incontestablement l’un des poids lourds du cinéma français d’aujourd’hui. Mais la question était de savoir si cette énième adaptation de l’œuvre de Dumas allait apporter des sensations nouvelles au spectateur ayant le sentiment de connaître le roman par cœur, probablement même s’il ne l’a pas lu, tant il appartient à la mémoire collective. La réponse est oui : Martin Bourboulon confirme après Eiffel sa capacité à mener des projets hors du commun jusqu’au bout. Les versions précédentes jouaient le plus souvent la carte du panache, d’une certaine désinvolture prenant des teintes plus sombres en s’approchant de l’épilogue, mais sans jamais mépriser une touche de fantaisie, voire de comédie. Le film de Martin Bourboulon surprend par sa noirceur, ce qui n’a rien pour nous déplaire. Les mousquetaires sortent bien l’épée de leur fourreau, mais ils utilisent également des armes à feu dont les effets sont plus expéditifs. C’est globalement le siècle qui prend des teintes inédites, nous rappelant que la France ne s’était pas encore guéri des guerres de religion et que les luttes pour le pouvoir n’étaient pas toujours à fleuret moucheté. Le romanesque perd sans doute un peu de son éclat mais nos émotions sont certainement galvanisées dans l’aventure. On se souvient que Patrice Chéreau avait lui aussi adapté Dumas en portant à l’écran La Reine Margot. Un film magnifique aux antipodes de celui de Jean Dréville (qui sur un terrain différent ne manquait pas de charme et de ressort). C’est peut-être le même écart qui sépare le film de Bourboulon de celui de George Sidney, par exemple, où D’Artagnan est d’autant plus bondissant qu’il est incarné par Gene Kelly. Un écart suffisamment large pour que l’on ait envie dans quelques années de revoir les deux versions avec le même appétit…

Yves Alion

Film français de Martin Bourboulon (2023), avec François Civil, Louis Garrel, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï. 2h01.




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