Critique

Publié le 14 mai, 2024 | par @avscci

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Les Quatre Ames du coyote d’Áron Gauder

Bien malin qui pourrait déceler dans ce dessin animé l’œuvre d’un réalisateur hongrois. L’histoire se déroule en effet parmi une tribu indienne d’Amérique qui se bat pour défendre sa terre ancestrale menacée par l’implantation d’un oléoduc. Un discours écologique peuplé de symboles qui trouve évidemment un écho puissant dans notre époque. L’occasion d’éveiller les consciences en respectant les conventions du conte philosophique. D’emblée, Les Quatre Ames du coyote prend le contrepied de la représentation décadente des Indiens dans le cinéma américain contemporain. Cristal du festival d’Annecy 2005 pour son premier long métrage, District !, Áron Gauder revient à la légende des siècles à travers ce fameux chien sauvage plutôt antipathique dont les différentes personnalités représentent assez justement la diversité de cette nation malmenée par l’homme blanc et dépossédée de ses territoires ancestraux. En contrepoint, le film raconte l’épopée de ce peuple sans dogmatisme, mais avec une poésie qui passe autant par l’élégance du graphisme que par le choix des couleurs, en l’inscrivant même au cœur de notre histoire commune, à travers la création du monde et l’évocation d’Adam et Eve. Inspiré d’événements authentiques survenus dans la réserve de Standing Rock en 2016, il réussit à mêler les composantes artistiques du spectacle à un message puissant sur la nécessité pour un pays de respecter ses racines et pour l’humanité de veiller sur l’intégrité d’une planète déjà ô combien malmenée. C’est aussi la vertu de ce film élégant à savourer comme un livre d’images pétri d’humanisme et de grands sentiments.

Jean-Philippe Guerand

Kojot négy lelke. Film d’animation hongrois d’Áron Gauder (2023), avec (voix) Lorne Cardinal, Danny Kramer, Diontae Black. 1h43.




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