Critique

Publié le 20 septembre, 2024 | par @avscci

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Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof

À la veille du Festival de Cannes, Mohammad Rasoulof s’est résolu à quitter l’Iran à pied par la montagne, lui qui avait toujours refusé de partir pour mieux dénoncer le régime des mollahs, tout comme son compatriote Jafar Panahi. Un acte fort mais désespéré justifié par la confirmation en appel d’une peine de huit ans de prison, d’une interdiction de quitter le territoire et la confiscation de son passeport. Empêché de siéger au jury cannois l’an dernier, il y a donc été accueilli comme un messager venu plaider pour son peuple opprimé. Son film raconte le quotidien d’une famille dont le père siège comme juge au tribunal révolutionnaire chargé de châtier la contestation, au moment où ses filles sont gagnées par le mouvement « Femme, vie, liberté » et où sa propre épouse doit choisir son camp. C’est une sorte de tragédie en deux mouvements : le premier à Téhéran où la révolte gronde, le second lorsque la famille part se réfugier loin de la ville. Les Graines du figuier sauvage est l’aboutissement de la démarche entreprise par Rasoulof afin de conjurer toutes les interdictions de tourner qui lui ont été notifiées. Ce n’est pas un film clandestin tourné dans des espaces clos, mais la chro nique d’une famille déchirée par l’ambition d’un homme qui privilégie son statut social à sa dignité morale jusqu’à sombrer dans une paranoïa aiguë. Le Prix spécial décerné au film reflète le manque de courage et d’audace du jury officiel que son succès critique et commercial devrait combler à effacer.

Jean-Philippe Guerand

The Seed of the Sacred Fig. Film irano-franco-allemand de Mohammad Rasoulof (2024), avec Soheila Golestani, Setareh Maleki, Missagh Zareh. 2h48.




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