Critique

Publié le 29 juin, 2024 | par @avscci

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Léon d’Andi Nachón et Papu Curotto

Veuve de la femme qui partageait sa vie, Julia doit affronter des responsabilités imprévues quand León, le fils de sa compagne, attire l’empressement de sa belle-mère et le retour du père qui ne s’est jamais occupé de lui. Contrainte d’assurer la continuité du restaurant qu’elles avaient fondé ensemble, elle doit combattre simultanément sur tous ses fronts pour préserver son équilibre. Vaste sujet qui revendique son caractère mélodramatique en l’enchâssant dans le contexte contemporain d’une famille recomposée qui doit en outre s’assumer sous les regards de son entourage. Coréalisé par Andi Nachón et Papu Curotto, un homme et une femme dont l’association contribue sans doute pour une bonne part à la vérité des sentiments évoqués, León témoigne de la liberté et de l’audace d’un cinéma argentin considéré désormais comme quantité négligeable par le président populiste Javier Milei élu en décembre dernier. Le film nous donne à partager le désarroi de la survivante condamnée à la double peine : poursuivre sa route sans sa compagne qui se rappelle à elle à chaque instant et affronter les aléas du quotidien avec le risque de se voir séparée de ce petit garçon qui la relie à la disparue, à la fois parce qu’il est la chair de sa chair et parce qu’elles l’ont élevé ensemble. León propose une réflexion passionnante sur la notion même de parentalité au moment où la société est percutée par des questionnements de genre et une recomposition fondamentale de la notion même de famille. Reste que les questions que soulève ce film bourré de tact sont universelles mais toujours aussi brûlantes.

Jean-Philippe Guerand

Film argentin d’Andi Nachón et Papu Curotto (2023), avec Carla Crespo, Susana Pampin, Antonella Saldicco, Lorenzo Crespo. 1h20.




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