Critique

Publié le 11 octobre, 2024 | par @avscci

0

Lee Miller de Ellen Kuras

C’est le premier long métrage de fiction d’Ellen Kuras, très expérimentée directrice de la photographie américaine. Elle était la chef-opératrice de Michael Gondry sur Eternal Sunshine of The Spotless Mind ou de Jim Jarmusch pour Coffee and Cigarettes. Ce portrait de la femme extraordinaire que fut Lee Miller est tout à l’initiative de Kate Winslet, qui co-produit le film. Ellen Kuras semble être arrivée assez tard dans le projet. « Il était impensable, nous dit-on de façon curieuse, de ne pas confier la réalisation de ce projet à une femme ». C’est peut-être ici la clé du film, de sa qualité la plus grande et de son manque le plus flagrant. Lee Miller, photographe magnifique, fut l’amie d’Éluard, de Picasso, de Man Ray, de Max Ernst avant de rendre compte de la seconde guerre mondiale, de la victoire des Alliés, de la libération de Dachau et de Buchenwald, avant de se mettre en scène elle-même en train de prendre un bain dans la baignoire d’Hitler après la mort du tyran. Pour l’incarner, Kate Winslet se montre une grande actrice, d’une énergie admirable, convaincante de bout en bout. Mais il manque une colonne vertébrale au film, un vrai point de vue de cinéma et on arrive au paradoxe suivant : une interprétation remarquable dans un récit plutôt morne. Étrange contraste. On est passionné par le personnage et embarrassé par une mise en scène linéaire, une mise en scène contrainte par on ne sait quelles hésitations esthétiques.

René Marx

Film britannique de Ellen Kuras (2023), avec Kate Winslet, Andy Samberg, Alexander Skargård. Marion Cotillard, Noémie Merlant. 1h56.




Back to Top ↑