Le Tigre et le Président de Jean-Marc Peyrefitte

Président de la IIIè République (sans pouvoirs véritables) au lendemain de la Grande Guerre, Paul Deschanel n’a pas imprimé de façon durable les pages d’histoire. Paradoxe d’une vie politique pourtant bien remplie, on ne se souvient de lui que comme protagoniste d’un fait divers risible : le président est tombé du train et a erré en pyjama le long de la voie jusqu’à ce qu’un agent des chemins de fer le trouve… Le film de Jean-Marc Peyreffite a donc comme premier mérite celui de nous en dire un peu plus sur cet homme dont nous apprenons qu’il était en avance sur les idées de son temps (favorable au vote des femmes ou à l’abolition de la peine de mort). Mais le manifeste politique s’efface quand même assez vite derrière le pittoresque des situations et l’abattage des deux comédiens principaux. Même s’ils ne sont pas à égalité et que Clemenceau est davantage comme un faire-valoir, le père de la victoire s’étant discrédité par un bagout hors norme, il a permis à Deschanel d’entrer à l’Elysée, allant ruminer sa déception sous d’autres cieux… Gamblin dans la peau du président et Dussolier dans celle du Tigre sont en tous cas épatants, cabotinant pour notre plus plaisir. Formellement le film est assez bondissant (la ligne est quand même celle de la comédie) et il se paye même le luxe de produire quelques fausses images d’archives tout à fait réjouissantes.

Yves Alion

Film français de Jean-Marc Peyrefitte (2022), avec Jacques Gamblin, André Dussolier, Christian Hecq. 1h38.