Le Syndrome des amours passés de Ann Sirot et Raphaël Balboni

Un couple qui peine à avoir un enfant se voit proposer une étrange thérapie : ils doivent tous les deux coucher à nouveau avec l’intégralité de leurs ex afin de se débarrasser du terrible syndrome “des amours passées” qui les frappe. À partir de cette idée farfelue, le duo Ann Sirot et Raphaël Balboni construit une variation pas toujours fine, mais généreuse, autour de la comédie romantique contemporaine, abordant tour à tour la complexité des sentiments, la fragilité émotionnelle et le désir d’enfant. Le scénario alterne ainsi entre humour et émotion – car l’absurdité du contexte ne parvient jamais à dissimuler totalement la tristesse infinie et la culpabilité persistante de ne pas réussir à concevoir – et enchaîne les situations plus ou moins prévisibles : ex introuvable, jalousie au sein du couple, plans à plusieurs…

Tout cela est donc éminemment sympathique, mais finit un peu par tourner en rond au fil des retrouvailles successives. On a le sentiment que les deux cinéastes n’ont pas vraiment su quoi faire de leur sujet, une fois qu’il était posé, et se sont contentés de sagement dérouler des scènes plus ou moins attendues, et surtout plus ou moins drôles. Malgré quelques tentatives audacieuses, comme la représentation du sexe via des chorégraphies complètement décalées, le film manque clairement de folie dans sa vision du couple (qui, quoi qu’il se passe au cours du film, reste assez conventionnelle), comme dans son traitement des injonctions genrées et sa manière d’interroger la fluctuation des désirs et des sentiments.

Marie-Pauline Mollaret

Film belge de Ann Sirot et Raphaël Balboni (2023), avec Lucie Debay, Lazare Gousseau, Florence Loiret Caille, Nora Hamzawi. 1h29.