Critique

Publié le 15 août, 2024 | par @avscci

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Le roman de Jim d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu

L’une des constantes des frères Larrieu est de prendre la matière cinéma à bras-le-corps pour nous livrer des films sinon théoriques, du moins sortis de leur lit narratif traditionnel. Mélangeant les genres avec sensualité, les frères nous donnent en permanence le sentiment que le cinéma est d’abord ludique. Si Le Roman de Jim n’échappe pas totalement à cette description, il ne figure pas moins aux antipodes de leur opus précédent, le très pop Tralala. Flotte sur Le Roman de Jim comme un parfum de classicisme assumé qui laisse la part belle aux sentiments (jamais diminués par un second degré encombrant), à la passion, aux affres du manque. François Truffaut n’aurait pas eu à en rougir, lui qui présentait Les Deux Anglaises comme un film non pas sur l’amour physique, mais un film physique sur l’amour. L’amour ici est celui que porte de façon classique un homme à une femme qui lui échappe, mais aussi un attachement puissant au rejeton de cette dernière (qui n’est pas le sien) mais qui a manifestement donné un sens à sa vie. Les Larrieu n’ont pas besoin d’en rajouter et de tirer sur la corde sensible sans retenue, le sujet est assez fort, le jeu des comédiens suffisamment en nuances pour que l’on se prenne d’un amour fou pour cette histoire qui s’étale sur plusieurs années (permettant à l’occasion de mesurer les ravages exercés par le temps qui passe) mais nous happe de la première à la dernière minute. Un film en ligne claire (comme on le dit d’une certaine BD classique, celle d’Hergé par exemple), qui soulage de trop d’expérimentations formelles, sans jamais cesser pourtant de montrer l’extraordinaire puissance de séduction du cinéma. Un régal.

Yves Alion

Film français d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu (2024), avec Karim Leklou, Laetitia Dosch, Sara Giraudeau, Eol Personne. 1h41.




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