Publié le 16 novembre, 2023 | par @avscci
0Le Petit Blond de la Casbah d’Alexandre Arcady
Plusieurs fois sur le métier Alexandre Arcady aura remis son ouvrage, revenant une nouvelle fois sur son enfance algérienne. Mais aucun autre film n’aura été aussi loin dans la reconstitution d’une enfance algéroise que ce Petit Blond de la Casbah, qui lui offre de dérouler bien des souvenirs émus. Le temps de l’enfance provoque il est vrai assez régulièrement des bouffées de nostalgie. Et celles qui se dégagent du film sont d’autant plus fortes qu’elles correspondent en parallèle à l’éveil de notre homme pour le cinéma. Cette passion qui ne le quittera plus s’exprime par le biais de plusieurs scènes délicieuses, dont la plus belle est sans doute celle de la projection de Jeux interdits, quand la gamin, fasciné par ce qu’il voit sur l’écran reste seul dans la salle après que le public a quitté les lieux pour cause d’attentat dans la rue voisine. Une scène est qui le fruit de plusieurs moments distincts de son existence et qu’il a transformé une métaphore. Mais peu importe : cette fièvre qui s’empare du futur cinéaste nous rappelle des moments délicieux lors de la projection d’autres films d’apprentissage signés par de grands noms du 7è Art, à commencer par Les Fabelmans (de Spielberg) ou Jacquot de Nantes (où Agnès Varda rend hommage à Jacques Demy)…
Mais le film ne parle pas que de cinéma. C’est aussi le témoignage de ce deuil impossible d’un homme qui a passé la plus grande partie de sa vie en France (métropolitaine) et qui garde à tout jamais les odeurs de son enfance, dans un Alger sans doute fantasmé, qu’il filme avec amour (même si nombre de scènes ont en réalité été tournées en Tunisie). Une façon de clore (momentanément ?) un cycle entamé avec son premier film, Coup de sirocco, et dont le somment est sans doute le trop méconnu Là-bas mon pays, qui (déjà) parlait d’un retour perclu de regrets sur la terre de son enfance, celle-ci étant à ce moment-là victime d’une guerre civile n’osant pas dire son nom. Le Petit Blond de la Casbah est sans doute tout aussi nostalgique, mais il est porteur d’une chaleur communicative qui nous fait un bien fou.
Yves Alion
Film français d’Alexandre Arcady (2023), avec Léo Campion, Marie Gillain, Christian Berkel. 2h06.