Critique

Publié le 29 juin, 2024 | par @avscci

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Le Moine et le Fusil de Pawo Choyning Dorji

Le Bhoutan fait partie de ces territoires lointains qui s’éveillent au cinéma depuis quelques années en misant sur leur patrimoine et leurs traditions. Dans le cas précis de ce petit royaume niché dans les contreforts de l’Himalaya, entre l’Inde et la Chine, il ne s’est réellement ouvert au progrès qu’avec sa conversion à la démocratie, il y a une quinzaine d’années, et possède de ce fait un enthousiasme assez communicatif. Pawo Choyning Dorji s’est fait un nom dès son premier film, L’Ecole du bout du monde dans lequel il montrait un pays confronté à sa jeunesse et à son ouverture au monde. On retrouve cette même pureté de l’innocence dans Le Moine et le Fusil où il met en scène la rapacité que suscite cet état d’esprit chez des esprits mal intentionnés qui espèrent en tirer un profit immédiat, face à un saint homme pétri de bon sens. Pawo Choyning Dorji ne se laisse jamais dépasser par son sujet dont il exploite les ressources sans la moindre roublardise. Il l’aborde comme une sorte de conte philosophique où chacun est à sa place, mais où la confrontation entre matérialisme cynique et idéalisme sincère produit des étincelles. Une opposition incarnée dans le film par un trafiquant d’armes minable venu d’ailleurs qui entend profiter de cette aubaine. Le réalisateur procède avec les moyens du bord dans ce pays dépourvu d’infrastructures cinématographiques, en mobilisant pour cela des interprètes non-professionnels qui s’imposent par leur naturel. Il émane de ce film fascinant et bourré de charme une fraîcheur de bon aloi. Exotisme, sagesse, poésie et humour garantis.

Jean-Philippe Guerand

The Monk and the Gun. Film bhoutano-taïwanais de Pawo Choyning Dorji (2023), avec Tandin Wangchuk, Kelsang Choejay, Deki Lhamo. 1h52.




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