Critique Le lit conjugal de Marco Ferreri

Publié le 3 janvier, 2022 | par @avscci

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Le Lit conjugal de Marco Ferreri

C’est une reprise, celle d’un film devenu invisible… Un film pourtant indispensable. Nous sommes en 1963 (le tournage ayant eu lieu l’année précédente) et le divorce n’est toujours pas légal en Italie. Le catholicisme pèse sur les esprits, qui pourtant sont tentés de prendre quelques vacances en cette période de boom économique. Le cinéma s’est naturellement régalé de ce hiatus, insistant naturellement sur les contradictions existantes entre le désir, la sensualité d’une part et la bague au doigt de l’autre. Ainsi Marco Ferreri, qui nous raconte une histoire folle qui prend des allures de fable, celle d’un homme qui rêve de faire entrer dans son lit une jeune fille aussi séduisante que vierge et farouche. Mais il parvient la séduire, puis à l’épouser pour la glisser dans son lit. Où elle semble se plaire… Au point d’épuiser son mari, qui doit trouver bien des prétextes pour échapper aux ardeurs de son épouse. En fait cette dernière veut tomber enceinte, quitte à perdre celui qui la fera grosse. D’où le titre italien, infiniment moins plat que celui de sa traduction française : Le Reine des abeilles. C’est évidemment aussi drôle que grinçant, Ugo Tognazzi n’étant pas pour rien l’un des « quatre colonels » de la comédie italienne (avec Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Alberto Sordi). Il faut dire que cette première moitié des années 60, la comédie transalpine est à son sommet, rien ne lui résiste et le mélange de fantaisie, de folie même, de cruauté et de critique sociale atteint un niveau rare. Mais si le film semble se ranger naturellement dans le genre, aux côtés de ceux de Risi, de Germi ou de Monicelli, pointe néanmoins une spécificité du cinéma de Ferreri, qui va s’accentuer jusque dans les années 80, perdant peu à peu sa capacité à faire rire pour porter la provocation à son sommet, La Grande Bouffe restant en la matière une balise historique…

Yves Alion

Una storia moderna: l’ape regina.Film italien de Marco Ferreri (1963), avec Ugo Tognazzi, Marina Vlady, Riccardo Fellini. 1h30.




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