Critique

Publié le 16 avril, 2024 | par @avscci

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Le Jour où j’ai rencontré ma mère de Zara Dwinger

Une adolescente élevée dans un foyer d’accueil voit débarquer une femme extravagante qui affirme être sa mère. Débute alors un véritable périple initiatique vers la Pologne. D’une chronique d’apprentissage qui épouse les conventions éprouvées du road trip, la réalisatrice néerlandaise trentenaire Zara Dwinger tire un premier film qui ne cesse de surprendre en soufflant le chaud et le froid, grâce à l’alchimie qui s’établit entre ses interprètes féminines à travers la confrontation de deux générations où les rôles donnent parfois l’impression de s’être inversés. Issue de l’ère post-soixante-huitarde, la mère séduit sa fille porteuse d’interrogations et d’angoisses inhérentes à notre époque. Il émane dès lors de leur confrontation une vérité empreinte de tendresse où la gamine admire la liberté de sa mère et où l’adulte s’impose par un refus presque puéril des conventions qui reflète de sa part autant de détresse intime que d’inadaptation viscérale aux contraintes de la société. Avec pour exutoire cette quête mémorielle qu’accomplit Karina (Frieda Barnhard) en compagnie de sa fille Lu surnommée Kiddo (Rosa van Leeuwen) et du serpent minute qui lui tient lieu d’animal de compagnie. Il émane de cette comédie de caractères, souvent drôle et parfois émouvante sinon tragique, une vérité humaine qui rejoint dans notre imaginaire cinématographique ces matrices que constituent Bonnie and Clyde (1967) d’Arthur Penn et Thelma & Louise (1991) de Ridley Scott, avec en prime la transmission qu’implique cette complicité mère-fille dépourvue de passé plus que de passif. Dépaysement garanti.

Jean-Philippe Guerand

Kiddo. Film néerlandais de Zara Dwinger (2023), avec Frieda Barnhard, Rosa van Leeuwen, Aisa Winter. 1h31.




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